Un vent du Nord s’insinuait dangereusement sur les terres d’Aläageria. Quelques flocons de neige se posaient sur l’herbe humide du matin. Combien de temps s’étaient écoulés depuis la fermeture des frontières ? Depuis combien d’années, les hommes du royaume du Nord et ceux du Sud n’avaient plus entretenus de relations politiques sans que cela ne se finisse en bain de sang ? La dernière réunion avait été une véritable guerre entre les deux peuples. Lorsque, enfin, le jour du l’Ombre s’acheva, les frontières se fermèrent. Peu importe les marchands oubliés, les familles séparés tant que les hostilités avaient cessé. Les accords d’Endorne avaient clôturé le dialogue. Les Pilleurs Sauvages s’étaient retournés dans leur désert et les Marcheurs du Froid avaient repris le chemin vers les montagnes. Endore, la capitale marchande, terre d’accueil, de paix, de dialogue et de partage, dans un silence lourd et glacial, s’était retrouvée abandonner par les hommes, oubliant ainsi, les années de Gloire sous le règne du Roi, Rëgnar VI. Les esprits du Vent, le peuple de l’Ouest avaient fui le conflit, se refermant un peu plus sur eux-mêmes dans leur cité de pierres, et les Souffleurs du Temps, habitant de la Capitale, le plus ancien peuple de la terre, avaient rejoint l’Est, inhabité. Ainsi, les hommes furent-ils séparés.

Des années se sont écoulées depuis cette sombre époque. Trente ans plus tard, les portes d’Endore se sont enfin rouvertes. Le chef des pilleurs, Conan Rhageon et le roi des marcheurs, Vïn Galagrid apportent l’espoir de jours meilleurs… Ou alors, ne serait-ce pas l’apparition de ce nouveau groupe, Les Ombres, qui prennent au fur et à mesure du pouvoir, qui s’insinuent de plus en plus dans les camps qui accentuent le pour-parler ? Qui sont-ils ? D’où viennent-ils réellement ? Personne ne le sait. On souffle qu’ils se soient réunis dans les Bois Hurleurs, dans les tréfonds de l’Est, et qu’ils en aient fait leur royaume. Tous les regards se tournent vers la régente de l’Est, Déna Tearyen. Acceptera-t-elle de revenir dans la cité de ses ancêtres d’où elle a, elle aussi, été sauvagement arraché ? Les portes de L’Ouest resteront-elles, indéfiniment renfermées ?